PLAY SUIT
1_ Travailler collectivement. Le design de mode est un travail d’équipe, une célébration, un rassemblement social.
2_ Utiliser ce qui est autour de soi. Connecter les pratiques de design avec les réalités locales : communautés, ressources naturelles et infrastructures.
3_ Ralentir. Prendre le temps de concevoir des pièces qui durent.
4_ Reconnaître les besoins. Le design demande de l’entraînement, de la pratique et une rémunération.
5_ Prendre soin. Placer la priorité dans les relations avec les autres êtres humains.
Pour ma collection de diplôme Play Suit, mais plus largement dans ma pratique du design, je m’intéresse aux notions de confort et de care. Les dix silhouettes ont été pensées en « ensemble » avec un accessoire et une paire de chaussures qui leur correspondent. Les ensembles sont faits pour être portés à l’intérieur ou à l’extérieur, pour se sentir élégant chez soi ou en sortie. J’ai travaillé un vestiaire facile à porter (easy to wear) combinant différentes saisons. Les pièces se déclinent dans des matériaux chauds et enveloppants ou au contraire aériens et ultralégers. La conception de matières et le sourcing ont constitué une partie fondamentale du travail. Pour cette collection, j’ai travaillé sur plusieurs développements textiles de façon artisanale ou industrielle en partenariat avec des entreprises suisses. J’ai développé des pièces feutrées à la main à partir de laine récupérée auprès de paysans suisses, des patchworks et tissus agglomérés (fabric terrazzo) à partir de chutes de tissus et un textile matelassé ultra léger développé industriellement en partenariat avec les entreprises suisses Novastepp AG et Jakob Härdi. Le matelassé apporte confort et douceur, séduit par son esthétique et s’applique à une grande variété de vêtements et d’accessoires.
Le feutrage à la main implique d’utiliser de la laine, une ressource locale et peu valorisée. Beaucoup de paysans ont des moutons en Suisse. Ils doivent les tondre, ceux-ci ne pouvant se débarrasser de leur laine par eux-mêmes. Pourtant cette laine coûte cher à transformer. Embarrassante, cette ressource était, jusqu’à peu, régulièrement brûlée. Aujourd’hui, elle est utilisée pour l’isolation dans le secteur de la construction. J’y ai vu une occasion de réunir mes buts premiers : sauver des ressources dont on ne sait que faire et ancrer mon projet en Suisse. Yves Bruchez, un paysan de mon canton d’origine (le Valais), m’a fait don de sa laine, que j’ai fait transformer dans une des rares filatures suisses (Spycher-Handwerk), avant de la feutrer et de l’utiliser pour les designs de ma collection. J’ai suivi le parcours de cette laine depuis son origine jusqu’à une pièce de design, mettant en pratique la notion de circuit court.
Mon intérêt pour la mode est toujours allé de pair avec un intérêt pour son contexte. Ma thèse de master Fashion as Bread and Butter : building alternatives to precarious work in the fashion industry, m’a inspiré une éthique de travail, sorte de guide de pratique du design. C’est comme un rappel à moi-même de prendre soin de ce qui m’entoure lorsque je crée des vêtements. Ce manifeste, je l’ai imprimé sur des étiquettes en tissu, cousues sur chaque pièce de ma collection.
1_ Work collectively. Fashion design is a team effort, a celebration, a social gathering.
2_ Use what is around you. Connect design practices with local realities: communities, natural resources and infrastructure.
3_ Slow down. Take time to design pieces that last.
4_ Recognise needs. Design requires training, practice and remuneration.
5_ Take care. Put priority on relationships with other human beings.
For my Master’s collection, Play Suit, and more broadly in my approach to design, I am interested in notions of comfort and care. The ten silhouettes have been designed as a “set” with an accessory and a pair of shoes that suit each of them. The outfits are meant to be worn indoors or outdoors, to feel stylish at home or out and about. I worked on an easy-to-wear wardrobe combining different seasons. The pieces are available in warm and cosy or light and airy materials. Material development and sourcing were a fundamental part of the work. For this collection, I worked on several textile developments in an artisanal or industrial way in partnership with Swiss companies. I developed hand felted pieces from wool collected from Swiss farmers, patchwork and fabric terrazzo from fabric scraps and an ultra-light quilted textile developed industrially in partnership with the Swiss companies Novastepp AG and Jakob Härdi. The quilted fabric provides comfort and softness, is aesthetically pleasing and can be used for a wide variety of garments and accessories.
Hand felting involves using wool, a local and little-used resource. Many farmers have sheep in Switzerland. They have to shear them, as they cannot dispose of their wool by themselves. Yet this wool is expensive to process. Until recently, this resource was regularly burned. Today, it is used for insulation in the construction sector. I saw this as an opportunity to bring together my primary goals: to save resources that are no longer needed and to anchor my project in Switzerland. Yves Bruchez, a farmer from my home canton (Valais), gave me his wool, which I had processed in one of the few Swiss spinning mills (Spycher-Handwerk), before felting it and using it for the designs of my collection. I followed the path of this wool from its origin to a design piece, putting into practice the notion of short circuit.
My interest in fashion has always gone hand in hand with an interest in its context. My Master’s thesis, Fashion as Bread and Butter: Building Alternatives to Precarious Work in the Fashion Industry, inspired me to develop a work ethic, like a kind of design practice guide. It is like a reminder to myself to take care of my surroundings when I design clothes. I have printed this manifesto on fabric labels, which are sewn onto each piece in my collection.