Victor Salinier

Katie — Tout le monde la connaît, mais personne ne l’a jamais vraiment vue. Lâchez prise, observez le monde, et vous croiserez son chemin. Trouvez le plus haut immeuble ou la plus haute colline, il paraît qu’elle y habite, tout en haut. À la fois partout et nulle part, elle vit dans notre réalité, mais ses yeux en perçoivent une autre. Une réalité parallèle lui donne une vision candide et une compréhension amplifiée de notre quotidien, qu’elle accommode et retranscrit à travers une relation aux objets. Colocataire de ses objets, elle aime les inviter à sortir dîner un par un, pour se montrer et s’éclipser aussitôt, faisant fi de la raison et des principes de notre société. Elle laissera de son passage une image subliminale d’un monde différent et d’un réel brisé… pour le mieux peut-être.

Note personnelle — Durant ce master et avec cette collection d’accessoires, j’ai tenté d’explorer et d’interroger notre perception de la réalité, de notre quotidien et de notre société, d’abord au travers de dessins scénarisés, de mini histoires cinématographiques et de scénarios d’une réalité absurde ou parallèle. Un personnage principal était alors récurrent, Katie. C’est sa présence mystérieuse, son aura et son rapport à la réalité que j’ai choisi de représenter par des objets et des accessoires.

Inspirés de la nature, de l’architecture, du mobilier et de la sculpture, les sacs sont ici des éléments de compagnie, aux fonctions et aux matériaux parallèles. Ils sont destinés à être portés, posés, montrés, à mettre en valeur un extérieur, un corps, un événement ou à transmettre un message. Ils s’inscrivent dans le champ du design et de l’art, et se rapprochent de la sculpture et de l’art avec une anse, oscillant entre une relecture du design plus critique ou spéculative autour des questions de symbolique, d’utilisation et de manufacture.

Ces sacs furent d’abord imaginés de manière fictive et numérique, il était alors frustrant de tenter de les recréer dans la réalité par des moyens conventionnels. Pour pallier cela, les sacs ont alors été développés grâce à une nouvelle approche, hybridant haute technologie et haut savoir-faire. Ils sont produits en utilisant ces mêmes recherches numériques et des techniques en 3D (imprimés en 3D et gainés de cuir, céramiques imprimées en 3D, pièces métalliques imprimées en 3D). Ainsi, les idées sont représentées le plus fidèlement possible et s’imposent comme des pièces transitoires dépassant et interrogeant les normes de l’industrie. Associés à des savoir-faire plus traditionnels du cuir ou de la céramique, ces sacs ont pour but de brouiller la transition entre fiction et réalité, de libérer l’imagination du grand public sur sa façon de percevoir et d’appréhender le lendemain et d’interroger notre relation aux objets, donc notre perception des choses.

Ouvert à une nouvelle façon de penser la manière d’imaginer, d’utiliser et de produire des accessoires de mode, ce projet se veut une transition vers des méthodes de conception plus ancrées dans les besoins modernes de notre société, tout en interrogeant le devenir du sac. Synonyme de haute création réfléchie et transitoire, le projet ouvrira la voie, je l’espère, à un studio vitrine proposant des créations multidisciplinaires qui stimulent l’imagination et nos façons de vivre. Dans un premier temps, il proposera des recherches autour du « Haut accessoire », ouvrant le champ des possibles, puis à long terme il tentera de les insérer progressivement (sous forme de collaborations ou de mandats) au sein de productions plus commerciales, façonnant le monde environnant.